Se former en jouant : est-ce bien raisonnable ?

Se former en jouant : est-ce bien raisonnable ?

Utiliser le jeu pour former des adultes… Le concept est apparu en entreprise il y a une vingtaine d’années avec les « business games ». D’aucuns le trouvaient tellement antinomique (comment peut-on associer jeu/adulte/apprendre ?) qu’on le qualifiait de feu de paille ou d’effet de mode. Et pourtant… La pratique a perduré et le jeu a fini par s’imposer comme un véritable outil de formation, au point d’introduire la notion de « serious game ». Le jeu serait donc devenu une activité sérieuse en formation ! Voyons de plus près pourquoi et comment il est utilisé…

Le jeu et ses vertus pédagogiques

L’apprentissage par le jeu est impliquant. Ce système pédagogique ne se contente pas d’apporter du savoir, il suscite aussi l’intérêt et génère des émotions, apportant une dimension sociale à la formation. Le formateur quitte sa posture de « prof » et devient plutôt « animateur », impulsant ainsi de l’engagement de la part de ses apprenants.

Lorsque le jeu ne se pratique pas en mode individuel mais en équipes, les effets bénéfiques sont encore plus nombreux : qu’il soit collaboratif ou teinté d’une once de compétition, l’apprentissage par le jeu est bon pour la formation, et bon pour l’entreprise. Créant un objectif commun, il entraîne les participants avec bienveillance dans un mix coopération/compétition, redistribuant ainsi les cartes des relations habituelles entre collègues. Transgénérationnel, le jeu en équipes va réunir des collaborateurs de tous âges, d’horizons professionnels — voire de niveaux hiérarchiques — différents, favorisant ainsi la mixité grâce à la constitution d’équipes à première vue « improbables » ! Ce faisant, l’apprentissage ludique crée du lien et de la cohésion qui, peut-être, n’existent pas dans les interactions professionnelles courantes. Ces échanges privilégiés qui se mettent en place durant la formation sont également susceptibles de se consolider, créant ainsi une dynamique nouvelle dans les équipes, propice à plus de productivité in fine.

Quels jeux, pour quels types d’apprentissages ?

Amélioration continue, conduite du changement, recherche d’innovation, partage de bonnes pratiques… De nombreux sujets se prêtent à l’apprentissage ludique. Mais les types de jeux et les techniques d’animation ne doivent pas être laissés au hasard, car ils dépendent de l’objectif pédagogique qui a été initialement fixé.
Par exemple :

• Pour dispenser à des managers une formation relationnelle et/ou comportementale, le jeu de rôle va permettre des mises en situation plus vraies que nature ! Le manager, sous le contrôle de l’animateur, devra alors éprouver face à des « collaborateurs-acteurs » ses qualités et compétences (soft skills) dans la gestion de conflit ou l’imposition de son leadership… Le debriefing est ensuite capital pour l’analyse à chaud et l’échange de bonnes pratiques entre participants.
• Pour aborder des sujets complexes comme la conduite du changement, plusieurs méthodes pédagogiques actives s’appuient sur des détournements de jeux traditionnels : quizz, Trivial Pursuit, jeux de cartes etc. Ces outils dédramatisent la thématique et permettent à tous de s’impliquer en drapant le sujet de légèreté grâce au jeu… Sans pour autant que la forme occulte le fond, si l’animateur fait bien son travail !
• Enfin, pour stimuler la force créative des collaborateurs, les « serious games » et « challenges innovations » ont le vent en poupe. Les premiers intègrent de la compétition via le jeu vidéo dans l’espace pédagogique. Les seconds proposent la mise en place de projets d’entreprise défendus par différentes équipes constituées au sein de l’entreprise. Les travaux sont cadrés et évalués par le biais d’une plateforme collaborative en ligne. Ils se soldent par une soutenance à l’issue de laquelle les projets sont évalués et classés afin d’être potentiellement déployés dans l’entreprise… Et récompensés !

Si ce n’est pas gagnant/gagnant pour l’entreprise comme pour les collaborateurs, cela y ressemble beaucoup… Jouer pour apprendre et produire serait donc définitivement raisonnable !